Après 15 ans de détention provisoire, les deux accusés dans l’affaire de l’assassinat de Pierre Urbain DANGNIVO, ont comparu à nouveau devant le tribunal de Cotonou ce mardi 11 mars. De la première journée du procès programmé sur 04 jours, on retient que les deux accusés nient les faits.
Codjo ALOFA est apparu à la barre, vêtu d’une tenue locale. Il semble avoir pris du poids par rapport aux images publiées dans la presse. Son audition s’est déroulée en langue Fon. Il a été fermement plaidé non coupable. « Connaissez-vous DANGNIVO ? », lui a demandé le procureur, Olushegoun TIDJANI SERPOS. « Non », a répondu le prévenu. Avant la disparition de Pierre Urbain DANGNIVO, Codjo ALOFA explique qu’il avait été arrêté par la police pour vol de moto. Il affirme avoir accepté endosser l’assassinat de DANGNIVO, en échange d’une promesse de libération, après quatre mois de détention et d’une somme de 25 millions de francs CFA. Selon lui, tout le scénario lui aurait été dicté chaque jour par le gendarme Lucien DEGBO, un nom qu’il a mentionné plusieurs fois au cours de son récit.
D’après nos informations, ce gendarme est décédé en 2021. ALOFA a relaté comment son évasion aurait été organisée par les instigateurs de cette affaire, et comment, au bout de son chemin d’évasion, qui l’aurait conduit jusqu’au Togo, il n’a finalement reçu que 50.000, au lieu de 25 millions de francs CFA. « Qui a enterré le corps exhumé près de votre maison à Womey ? », demande Me olga ANASSIDE, avocate de la famille DANGNIVO. Je n’en sais rien, répond le présumé assassin. Il ne connaissait pas, non plus, son coaccusé Donatien AMOUSSOU, avant son arrestation. Donatien Amoussou, non plus, ne reconnait les faits. « Je ne connais DANGNIVO ni d’Adam ni d’Ève », martèle cet ancien militaire. Il n’a jamais entendu parler de ALOFA, avant son interpellation, confie-t-il. Le coaccusé aurait été embarqué aux côtés de ALOFA, parcqu’il aurait refusé d’exécuter un ordre. « Qu’est-ce qu’on vous a proposé ? », lui a demandé Me Marc ZINZINDOHOUE, de la partie civile. « Prendre un téléphone et aller le déposer au siège d’une radio en annonçant que je l’ai trouvé par terre », a expliqué Donatien AMOUSSOU. Au cours des débats, on saura qu’il s’agissait du téléphone de DANGNIVO.
Donatien AMOUSSOU a également admis avoir reçu de l’argent d’un colonel nommé Koumasségbo, sans accomplir la mission qui lui avait été confiée. En prison, il aurait reçu la visite des ex-ministre Grégoire AKOFODJI et de Bernard Lani DAVO. Ce dernier lui aurait remis de l’argent à deux reprises.
Prisonniers privilégiés
Les accusés ont aussi raconté la manière dont ils étaient des prisonniers choyés. Malgré son incarcération d’après Codjo ALOFA, certaines autorités venaient le chercher pour des virées nocturnes, des dîners copieux et arrosés. Il dit avoir bénéficié aussi de vivres et de vêtements. Donatien AMOUSSOU, recevait de l’argent et un abonnement Canal +. Il ajoute que des autorités sont venues lui dire qu’elles ne l’ont pas oublié. L’audience a été suspendue par le président, Guillaume LALY à 16 h 58mn et doit reprendre mercredi 12 mars 2025.